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Vins qui domptent le piment

Par Manu
Sommelier mondialement reconnu.
22/12/2025
Trois clés pour ne pas se brûler les ailes
Avec le piment, le vin doit caresser, pas boxer. Retenez ces règles simples :
- Un vin avec un soupçon de douceur apaise le feu et porte les arômes (miel léger, fruits mûrs, pas de sirop).
- Des arômes expressifs (litchi, agrumes, fleurs) « parlent » à la cuisine asiatique. Le vin devient un condiment discret.
- Préférez faible en alcool et peu tannique. L’alcool amplifie la brûlure, le tanin s’accroche au piment.
Et si des bulles s’invitent, tant mieux : la fraîcheur nettoie le palais entre deux bouchées.
Accords express: du wok à la table
Voici des pistes concrètes, testées du comptoir de street-food au dîner du samedi.
- Curry thaï (vert ou rouge): Riesling demi-sec (Allemagne ou Alsace) pour la tension et la douceur, ou une Petite Arvine du Valais pour ses agrumes toniques et sa finale saline.
- Wok sauce aigre-douce, porc à l’ananas: Pinot Gris légèrement moelleux, Chenin demi-sec (le côté pomme et miel fonctionne à merveille), ou un Prosecco Extra Dry pour la bulle gourmande.
- Dim sum, bao briochés, nems: Crémant brut tendre ou Prosecco pas trop sec; les bulles allègent la friture et soulignent les parfums.
- Korean BBQ (bulgogi, gochujang): un rouge léger, sans tanins agressifs, servi frais: Gamay (Suisse romande ou Beaujolais) ou Pinot Noir tout en fruit.
- Sichuan (mapo tofu, poulet kung pao): Gewürztraminer du Valais ou d’Alsace avec une touche de sucre, voire un Moscato d’Asti peu alcoolisé pour calmer la tempête.
- Satay et cacahuète: Pinot Gris ou Viognier pour la matière et le parfum, voire Heida (Savagnin) valaisan pour sa droiture épicée.
Gardez l’idée directrice: du fruit, de la fraîcheur, un brin de douceur quand ça chauffe.
Pièges à éviter, sans dramatiser
Évitez les rouges puissants, très boisés, riches en alcool: ils attisent le feu et écrasent les épices. Méfiance aussi avec les blancs ultra-secs et anguleux: sur du piment, ils semblent acides comme un coup de cymbales. Enfin, servez vos vins blancs et rosés frais mais pas glacés: 8-10°C suffit pour la vivacité sans tuer les arômes.
Deux raccourcis malins
Pas envie de réfléchir des heures devant l’étagère? Visez l’un de ces deux styles « couteau suisse »:
- Riesling demi-sec (ou Kabinett tendre): acidité cristalline, sucre discret, faible degré – le trio gagnant sur piment et sucré-salé.
- Rouge léger à servir frais: Gamay, Pinot Noir sans bois, fruit net, tanins fondus – parfait sur grillades marinées et sauces fermentées.
Ce sont des filets de sécurité élégants, de l’apéro aux nouilles sautées.
En conclusion, la bonne bouteille avec l’Asie épicée est souvent celle qui sait écouter: un peu de douceur, de l’aromatique, de la fraîcheur, parfois des bulles, et un degré sage. Jouez la carte du plaisir plutôt que du dogme, testez, comparez, servez un verre à part pour voir. Les saveurs voyagent vite: un Valaisan bien choisi, un Allemand tendre ou un rosé vif peuvent transformer un bol brûlant en grand moment de table. Et ça, on ne s’en lasse pas.
